Laure Granpas

Ecuyère en bois au service d'Hurlevent, j'arpente le monde.

« L’apprentissage… un bien grand mot ! Quels foutus idiots ces pompeux paladins en armure, de longue cloitrés dans notre belle Capitale à discourir des maux de ce monde ! »
Ronchonnant en ramassant les maints objets demandés par ses supérieurs pour "lui apprendre le respect", Lauredana se félicitait d’avoir une nouvelle fois échappé à l’éternelle matinée de prière à la Lumière avec les vieux rabat-joies en robe de la Cathédrale.
Elle ne saisissait toujours que peu cet engouement que Diane avait pour la Lumière et sa puissance, … « Mais qu’est-ce qui m’a pris de vouloir suivre ta voie, nom d’un brigand ! Travailler la terre ça m’aurait suffit ! » Comme à son habitude, la voix intérieure qui la poussait sembla soupirer et lui souffler encore qu’elle n’avait que pris son destin entre ses mains et avait bien fait.

Elle se redressa pour faire taire ses pensées. Le grand air venant des cotes lui était vital. L’horizon d’un bleu sans pareille baignait son âme de silence et la rassasiait. C’était toujours un plaisir que de flâner dans les Marches de l’Ouest. Et subitement son regard s’était obscurci … Elle l'avait senti venir, approcher dans son dos. S'ils avaient voulu lui faire du mal, ils auraient envoyé un grand bleu plutôt, ou une succube... à moins qu’elle n’ai paru si faible qu’une gosse ?! Elle aurait aimé surprendre son ou ses agresseurs mais n'avait pas réussi à juguler ses réflexes... Cette chose qui accourait lui donnait la chair de poule bien plus efficacement encore que l'odeur de rat crevé.
Alors que le démon finissait son chemin en piaillant un "Reste pas là grande courge, ça grouille de défias", le diablotin reçu de plein élan une énorme masse dont la circonférence couvrait la sienne, même une fois plat. "Ouch... on dirait que ma précision de frappe s'améliore... saleté…"

« Mais vous êtes jetée ou quoi ? Je n’ai voulu que vous prévenir espèce de grande blonde !»

Relevant le nez de sur les reliefs imprimés par l'impact au répugnant petit corps, le regard de Lauredana s’accroche à la silhouette gesticulant de colère de son propriétaire, parfaitement humain au demeurant, voire parfaitement… charmant… han… des tresses sautillant sous les mouvements emportés, des joues rougies par l’émotion, … et ce regard de colère, douloureux et si plein de générosité.
En se rapprochant, les yeux de l’homme s’arrêtent sur l’insigne d'Hurlevent luisant sur l’épaule de Lauredana et il s’écrie, grondant toujours plus fort :

« _ J’aurais du m’en douter ! Un paladin ! Bon sang que vous êtes stupide ! Vous ne savez pas que vous cueillez des fleurs dans un champ tenu par les défias du coin ou quoi ?!
_ Moi ? Je ne suis pas paladin, je suis écuyère.
_ Et qu’est-ce qui vous a pris d’écraser mon diablotin ! Il est pourtant inoffensif que je sache !! »

Le regard de Lauredana se détache à regret de l’homme alors qu’elle attrape son bouclier et reprend son arme.
«_ Vous avez plus gros ? Un grand bleu ?
_ J’ai quoi … ?? Mais vous … vous passez les limites de… »

S’interrompant pris d’un doute, Savatare se retourne pour suivre le regard de la palablonde et ne perd pas une seconde de plus à invoquer son « grand bleu » en voyant arriver un groupe de défias tous couteaux tirés.

Dans l’esprit de Lauredana, c’est la pagaille. Elle pourrait profiter de l’escarmouche pour éliminer le démoniste… un de moins en ce monde, quelle aubaine… son démon est occupé avec du défias particulièrement en forme, ce serait facile. La paladine se débarasse de son agresseur et contemple au loin un mage aux mains enveloppées de flammes. Protège le… la ferme ils nous ont tout pris… Tu sais bien qu’il est différent, grandit un peu petite sœur.
« Et merde ! » Le bouclier de la paladine s’élève contre une monumentale boule de feu destinée à la tête-à-tresses, laissant ainsi au grand bleu le temps d’aller maîtriser le mage ennemi… fin de l’escarmouche… défias au sol.

« _ Merde ?! … Quel langage dans la bouche d’une si jeune paladine ! »
Derrière elle l’homme rit et lui fait instantanément regretter ses hésitations. Lauredana se retourne la masse à nouveau prête à aplatir quelqu’un et arrête son geste en croisant à nouveau ce regard nuancé de tristesse et d’humanité.
« _ Je me nomme Savatare, enchantée demoiselle Palablonde. »

___

[rajouté à la plume, dans la marge, une écriture murie et appliquée]
Comment mieux résumer mon adolescence ? Lui et moi ne nous sommes plus quittés. Nous avons fait les quatre cents coups, épluchés tous les livres qui nous passaient à portée et défaits tous ceux qui nous défiaient. Puis il a choisi de passer la porte des Ténèbres dès l'annonce de son ouverture, partant à la recherche des connaissances d'autres civilisations. La guerre l'y a retenu. Il a rapidement oublié nos années de complicité. Ainsi va le temps.

Elle avait dit se nommer Cendres.
De drôles de manières pour une Dame : Lauredana l’avait trouvé assise sur une chaise de sa petite chambre de Darnassus à l’aube d’un jour qui promettait d’être brumeux, ses courriers personnels ouverts et empilés à même le sol.

C’était une elfe, belle. Les elfes sont beaux mais celle-ci avait quelque chose d’un autre temps, d’un autre monde ? Lauredana avait d’abord cru être en train de rêver. Vétue d’une fine armure de cuir et de mailles délicates mêlées, ou le noir irisé de bleu pale rivalisait de présence avec les reflets métalliques protecteurs du thorium. Sa chevelure bleu nuit tombait en cascades sur sa silhouette, soulignant dans son dos une hache gigantesque et une série de dagues lacées autour de ses cuisses. Son trait le plus surprenant était l’or de ses yeux, parsemé d’éclaboussures anthracites. Elle avait fouillé la chambre, minutieusement, sans gène, et souriait à la paladine d’un air satisfait.
A sa droite, enroulé dans d’immenses ailes de violine et rose irisés, dormait un dragon-faucon relativement grand, sans doute pas encore adulte mais d’envergure déjà impressionnante. Le ronronnement de son souffle chaud ajoutait à l’improbable de la scène. A gauche de l’elfe était un grand sac rigide, rempli à bloc et brodé en elfique de deux noms.

Sa voix, un murmure, semblait venir d’ailleurs aussi. Lauredana se dit que décidément, elle était malade ou droguée.
« Bonjour demoiselle Granpas. J’ai besoin de vous. Et vous m’aiderez.
Je suis mère de deux adorables petites filles qui sont en âge d’apprendre les lettres et de recevoir une éducation digne de leur rang. Leurs affaires et tout ce qui leur appartient se trouve dans la valise à ma gauche.
Elles savent. Elles vous suivront et vous écouteront. Je leur fait confiance.
Je n’ai que deux exigences. La première : elles seront vos protégées, vous laissez tomber vos autres occupations. Une rémunération plus que suffisante vous sera versée jusqu’au terme de leur éducation. Qu’elles reçoivent l’apprentissage que votre père vous a offert et celui que les sages de Darnassus vous ont prodigué. La seconde : ramenez-les près de leur père. Dites lui que j’écarte la menace. A lui de les aimer pour deux, je me charge du reste.
Présentez vous à la « Demeure des Ombres », ils vous accueilleront. La suite vous appartient. »

Cendres se releva sans bruit et laissa sur la chaise, deux anneaux identiques pour ses enfants. Elle sortit sans plus de commentaire et le dragon-faucon se releva pour la suivre. Sous ses ailes dormaient deux petites gamines aux cheveux d’un roux flamboyant… Lauredana resta longtemps assise sur son lit, observant la pièce chamboulée, les valises, les bijoux, les enfants.

… Par la Lumière…

[HRP]Très sympa ce texte Sergeï, on attend de t'y voir intervenir [/HRP]

*assis sur le sol glacé du béton de la salle d'entrainement, il regarde les deux combattants en armure de plaque se faire face. L'un deux est armé d'une masse et d'un bouclier solide en métal, sa garde basse, ce combattant d'experience a une posture défensive bien positionné, imperturbable. Son adversaire, plus jeune, lui, est armé d'épées jumelles qui tracent des sillons dans l'air, tellement ses mouvements sont rapides. Le combat dure depuis un certain temps, sans qu'aucun des deux n'ai pris l'avantage. Ont ils un contentieux a regler ses deux la, il pense que oui. On ne se lance pas dans un tel affrontement sans arrieres pensées. Le spectacle est délicieux, feintes et parades s'enchainent rapidement. Il parcourt l'assistance d'un regard détaché. Que de nouvelles têtes, pense t'il. L'ouverture des portes a drainer un nombre incroyable de vétérans et l'outreterre en a tuer bien trop. Ces jeunes n'ont pas connus assez d'hiver et surtout pas de guerres. Ils ont encore le regard entousiaste des novices. Le combat ne devrait plus trop durer, combattre en armure est épuisant. s'il devait parier, il parirait sur l'homme a la masse, son experience a du lui faire conserver des forces pour un assaut surprise qui casserait le rythme trop régulier du jeune. Si il ne l'a pas fait alors il a perdu.*
- hé le vieux alors tu en penses quoi, ils sont bons non ? Tu prend le vainqueur ?!
- Non je ne pense pas. Ils seront trop épuisés. Ils sont trés bons, je ne suis pas a la hauteur.
- Tu n'en es pas capable ?
- Je ne pense pas. Le rythme de combat de l'instructeur Chris est exceptionnelement élevé, il manie ses armes jumelles comme je ne le ferais jamais.
- Tu es le meilleur d'entre nous à l'épée, tu vas pas laisser un gars de théramore nous ridiculiser, nous les gens de stormwind !
- A l'épée il est meilleur que moi, c'est tout.
*le combat se déroulant devant ses yeux, il repense à ce qu'il est venu faire ici. Rechercher son amante, sa femme, et les dangers qui l'accompagne. Il s'etait engager dans la garde de stormwind pour retrouver ses racines. L'honneur que sa famille avait perdu. Le service de renseignement de stormwind était aussi plus enclin a aider un garde, qu'un aventurier avouons le. Mais il devait faire ses classes comme n'importe qu'elle recrue. Le bureau de recrutement n'en avait pas cru ses yeux, un homme dans les 25-30 ans voulant s'engager. Il savait que des paris avait été lancer dans son dos pour voir combien de temps il durerait. Lui ne voulait qu'une chose retrouver sa femme et ses enfants et cela était une motivation suffisante pour surmonter tous les obstacles que les sergents lui mettaient dans les jambes.
Réagissant avec trop de retard, la lame de chris parvint a passer sous la garde du veteran de Storwind et a le désarmer. Il enchaina alors les coups de boutoirs sur le bouclier du pauvre malheureux, jusqu'a ce que celui ci s'avoue vaincu, la lame sous la gorge.*
- Cela suffit ! *rugit la voix de l'arbitre*
- Désolé *dit Chris, d'une voix dont le ton n'avait rien de désolé*
- Allez vas y prend la reléve, defend notre honneur.
*Sergei se léve et va aider le pauvre alex a se relevé*
- Ca va gars?
- j'ai jamais pu rependre le dessus, sa vitesse de bras est exceptionnelle.
- Allez va te reposer, tu n'as pas démérité loin de la, croit moi, ce combat était trés bon. Ce soir, je te fais un gros steack. *grand sourire*
- merci, l'ainé, cela me remonte le moral.
*L'envoyé de Théramore, quand à lui encore chaud, lance des exhortations à qui veut le defier. Des huées commencent à fuser des bancs des gardes de stormwind. Profitant d'un moment d'inatention du guerrier, une recrue le pousse au centre de l'aréne. Sous les vivats du public, un adversaire vient de rentrer dans le cercle pour defendre l'honneur de Stormwind. Chris voyant la barbe, l'allure du guerrier, son age pour une recrue, a un sourire de prédateur.*
- Met ton armure et prend ta lame le vieux ! *il se dirige vers le centre de l'aréne en posture de combat*
- L'armure et l'épee ne font pas tout. *ramasse son épee et accroche son demi plastron*
- Peu importe viens que je te fesse les cuisses, l'ancêtre.
- Je vous previens, je suis pas un escrimeur. *regarde le terrain*
- Tant mieux cela sera fini plus vite. *sourire de requin*
- Vous n'aurez aucune gloire a gagner contre moi * teste l'équilbre de sa lame*
- Tu m'ennuie déjà allez bouge des arpions, le croulant.
- Si l'on se bat cela ne sera pas que votre épee contre la mienne.*ajuste ses gantelets*
- Peu importe en garde et battez vous.
- Je vous ai observé, j ai vu votre technique, je peux lire en vous comme dans un livre ouvert. *fixe Chris d'un regard glacial*
- tu aimerais bien, papy. Je suis trop rapide pour toi.
- Vous n'avez aucune chance, abandonnez....
*De rage, chris se lance a l'assaut poussant un cri tonitruant, les épees se croisant devant lui dans un moulinet mortel. D'un mouvement brusque, sergei s'ecarque du combat, la lame baissée vers le sol et balance son poing ganté dans la machoire de l'attaquant, sur le coté. Un bruit d'os résonne dans la cour. Chris vacillant et partant en arriere est outré de cette adversaire qui ne combat pas face a face. Sergei ne lui laissant meme pas le temps de se remettre en garde, comme les lois du duel l'autorise, lui attrape les cheveux et lui brise le nez sur son genoux*
- Une ombre connait son adversaire et fait ce qui nécessaire pour le mettre à terre hors d'état d'agir. Ma femme t'aurait etriper pour tes injures, et seul mes gosses m'interesse, pas la gloire *il jette alors son épée sur le sol, agacé par ce temps perdu. Et se dirige vers une personne dans la cour*
-Pardonnez moi soigneur, je vous ai donner du travail. Machoire et nez.
*silence dans la cour*

Il n’avait pas fallu plus d’une heure aux jumelles pour se faire à l’idée que la grande humaine toute en armure s’occuperait d’elles pour un temps. Elles l’appelaient déjà Lau’énana… quel âge pouvaient-elles avoir ? Elles mélangeaient les vocables elfiques et humains en un babillage fourni, leur langue, qui leur servait pour partager l’émerveillement à visiter la petite maison de la paladine et son minuscule jardin.

Lauredana décida de les mettre à l’abri, le temps de trouver leur père et de s’intégrer à cette communauté nommée « Ombres de Hyjal ». Aussi le repas de midi terminé, elle chargea valises et livres sur son destrier, les petites en selle bien attachées et hystériques à l’idée de faire du cheval et non pas du tigre apparemment ; tout ce petit monde pris le chemin des contrées humaines.
Dans sa ferme du Val de Bûcherons, Telmane, ancienne nourrice de l’orphelinat d’Hurlevent, accueillit Lauredana avec enthousiasme. Connaissant l’histoire de sa protégée, elle se signa et pria la Lumière de garder en vie et santé les jumelles et il lui fallu un peu de temps pour comprendre… qu’elles n’étaient pas la génération suivante des Granpas. Le vieil Eloïs trouva les deux femmes en grande conversation en rentrant pour le repas. La visite de Lauredana était un plaisir renouvelé et les petites égayaient la maison d’une joie qui n’avait plus existé depuis trop longtemps chez les vieux bûcherons. Le couple accepta de garder les enfants quelques semaines et dès le lendemain, Lauredana repartait après avoir expliqué à ses nouvelles protégées groupiesques comment se passeraient les jours à venir.

La paladine fit une escale à Hurlevent. Le travail avec les enfants ne lui manquerait pas et elle devait se désengager de quelques missions proposées par ses supérieurs. Rejoignant machinalement l’immense cathédrale, la paladine fut attirée par une foule particulièrement déchainée autour d’un groupe de soldats. S’approchant, elle remarqua – difficile de le rater – un grand gaillard élogieux envers son propre nombril en train de proférer de basses mesquineries à l’encontre d’un autre. Plus loin, un soldat sans doute défait par le jeune gaillard se remettait de ses émotions entre les mains de prêtres attentionnés.
« Tu m'ennuies déjà allez bouge des arpions, le croulant. »
Quelle grande bouche ce benêt là. L’autre patientait, observant le coq qui lui faisait face sans plus d’intérêt : savait-il déjà le combat gagné ?
« Vous n'avez aucune chance, abandonnez... »
Ca devait vouloir dire oui et bien sûr, le guerrier aux deux épées se lança comme un idiot contre le mur impassible. Un bruit d'os résonna, puis un second. Lauredana sourit malgré elle de la simplicité de l’astuce.
« Une ombre connaît son adversaire et fait ce qui nécessaire pour le mettre à terre hors d'état d'agir. Ma femme t'aurait étripé pour tes injures, et seuls mes gosses m'intéressent. »
Les ombres… parlait-t-il de ceux que la paladine devait rallier ?
Disparaissant discrètement dans la foule, Lauredana reprit son chemin vers la cathédrale en réfléchissant à une alternative en cas d’adversité de la qualité de celle de l’ «ancêtre ».

Darnassus, une bien belle capitale malgré son histoire et la condamnation de Teldrassil. Encore en armure, Lauredana se présenta à la demeure des Ombres de Hyjal. L’accueil fut plus que chaleureux, rieur, enthousiaste. Trouver une petite place parmi ces gens fut simple. Et l’« ancêtre » n’avait pas remarqué la paladine à Hurlevent … il fut donc aisé de le découvrir, aussi facile que de reconnaître, tatoué sur sa peau, l’emblème de la famille des jumelles.
Un peu de courage… voyons comment ira la suite de toute cette histoire. L’heure est venue de le mettre au courant…

Les lunes défilaient, indifférentes.
Assise sur le rebord d’une des immenses fenêtres de la cathédrale, Lauredana faisait le point sur le passé récent.

Elle avait toujours craint les elfes au fond d’elle-même. Ce peuple puissant, dont les anciens et les jeunes se mêlaient souvent sans que l’œil humain puisse les discerner. Un peuple de savoir et de tabous capable du meilleur et de plus que le pire parfois. Elle n’était pas retourné dans la chambre de Madore malgré son inquiétude, elle préférait prier la Lumière… elle supportait mal sa souffrance, décidément … lâche, tu as peur de sa force et de sa folie… le souvenir de la voix de son père était revenu la hanter. Lâche et stupide, tu n’arriveras jamais à la cheville de ma Diane… Diane n’existe plus papa. Il ne reste que Lauredana. Faut-il être stupide ou désespéré pour ne pas craindre la mort quand elle menace de toute son évidence ? ...
Et Arlequin, porte-t-il toujours un démon en son sein ? … la Lumière pourrait sans doute l’aider à lever cette malédiction, pourtant…infiniment lâche…

Lauredana s’enroula plus confortablement dans sa cape de pèlerin. A ses yeux s’offrait le soleil déclinant et tiède, son plus grand réconfort. Quelques mètres plus bas les filles jouaient avec les orphelins sur le parvis. A les connaître, la paladine avait deviné quelques différences qui semblaient vouloir s’accentuer avec le temps… ainsi les yeux d’Ambre étaient-ils pailletés de bleu et non de noir, ses cheveux blondissaient d’avantage et elle était à peine plus petite que sa jumelle. Elle ressemblerait plus à une humaine, ce qui faisait rire sa sœur.
Comment un humain et un elfe peuvent-ils avoir une descendance ? Malgré ses connaissances et ses recherches, elle n’avait pas de réelle réponse. Après sa discussion avec Sergei, elle avait lancé des recherches : pour trouver la fameuse « Cendres ». Cette elfe était connue dans la région de Forgefer sous le nom de « Cerès de Kharanos », adoptée peu après la chute de Gnomeregan par le cuisinier du petit village. Adoptée… mais déjà adulte selon les quelques papiers établis par l’hospice de Forgefer qui l’avait récupérée alors. Plus loin dans le passé, les registres du Temple de Darnassus évoquent une elfe entrée aux services des Sentinelles et répondant au nom de « Cendres des Odevents » … enfin, après traduction approximative. « Odevents »… une famille d’Astranaar dont le dernier membre connu était un prêtre. Aucun mariage, aucune descendance connue. Il aurait été lié à une rodeuse un temps… et ensuite, le temps efface le reste. Une sentinelle aujourd’hui porte à nouveau le nom « Odevents » mais elle dit ne pas connaître celle que cherche Lauredana ...

L'humaine s’étire. Le soleil s’incline lentement, elle inspire profondément et sort de ces pensées qu’elle tourne et retourne sans trouver de solution. Elle descend de son abri, récupère les jumelles pour le repas, le bain et enfin, le repos bien mérité après leurs grandes aventures. Puis viennent les prières avec ses pères, dans l’immense cathédrale… interrompues par l’arrivée d’un jeune frère porteur d’un message urgent :

« Dame,

Nous avons reçu ce tantôt une elfe correspondant à la description laissée par vous et portant les tatouages à l’endroit indiqué. Grièvement blessée et délirante, elle a été placée dans la chambre des brûlés à l’étage.
Ce message est parti aussitôt après que j’ai prodigué les premiers soins. Nous vous attendons.

Votre dévoué. »

Renvoyant le messager dans les minutes qui suivirent avec le même billet à destination de Sergei, Lauredana récupéra son sac de voyage, enfourcha sa monture et fila vers Forgefer…

*ouvre la porte de la demeure, avec difficultés. Ses bras chargées de nourriture, ne lui permettant pas un accés aisé. il se dirige vers la cuisine et pose enfin ses encombrants bagages. Puis il se dirige vers sa chambre ou il pose deux peluches, une de lapin et une autre de tigre.*
*il redescent ensuite dans la salle de travaille, met sa toque et son tablier et commence a preparer un repas assez charger avec comme apotheose une galette des rois. Il laisse une petite marque pour l endroit ou il a mis la féve pour eviter de couper dessus*
*puis apres cela, il se dirige vers les bains, quand il voit le message. Aprés l'avoir lu, il prend son matériel, Appel fourrure son tigre et part en trombe, laissant le repas, la galette et la porte ouverte*

(desole, j ai pas beaucoup acces a internet u boulot)

Forgefer.

Par habitude, Lauredana confia son destrier aux servants du temple et se dirigea vers l’hospice.
En approchant, esquivant les enfants jouant sur la place, évitant de se faire piétiner par les combattants en armure qui pavanaient sur leurs montures respectives, elle ralentit le pas.
Par les lourdes fenêtres de la bâtisse, elle distinguait à présent les infirmières, circulant avec aisance dans les chambres et les prêtres qui prodiguaient, patiemment, les soins nécessaires aux nouveaux arrivés ; toujours il y en avait… la guerre, même ailleurs, continuait d’abreuver les villes de ses blessés.

Elle salua sur le pas de porte la naine rieuse qui la héla. On l’attendait dans la salle des grands brûlés, elle avait fait vite. Au rez-de-chaussée, il y a avait foule : il faut dire que là se pressent les parents inquiets, les visiteurs cherchant un parent, un ami, les blessés ou malades arrivant et le personnel qui tente d’aiguiller tout ce petit monde comme il peut. Elle commença à fouiller le hall du regard, à la recherche d’une tête connue, celle de Sergei. Bousculée par un voyageur pressé enveloppé d’une lourde cape grise, la paladine pesta. Puis son instinct la fit se retourner vers la silhouette fuyarde : grande, fine, elle avait du mal à éviter les gens autour d’elle, titubant plus qu’esquivant. Lauredana fit demi-tour, pour tenter de rejoindre l’inconnu.

C’est le moment que choisit Sergei pour apparaître à l’entrée de l’hospice, un bouquet de fleurs à la main et un sourire inquiet sur le visage. La silhouette que suivait Lauredana du regard le bouscula de pleine vitesse, propulsant Sergei et ses marguerites à l’extérieur.
La paladine s’empressa pour atteindre l’issue, afin de ne pas perdre les deux êtres de vue.

Elle détestait les réveils. Ils l’arrachaient trop souvent aux rêves incongrus dans lesquels elle cherchait son passé. Et celui-ci, en plus, avait un goût de sang…

Elle tenta d’ouvrir les yeux mais ne vit que les ténèbres. Autour d’elle, beaucoup de bruit, des mains qui la retenaient sur un lit semblait-t-il, d’autres appuyaient à des endroits douloureux de son corps. Respirer était difficile : comment avait-elle pu se casser des côtes ?
Elle fit mentalement le tour de la situation… les bruits parfois nets, parfois sourds lui indiquaient qu’elle devait être isolée dans une pièce fermée. Autour, ça parlait – en nain et en commun – de maladies, de blessures, de rémission… l’hospice. Dedans, beaucoup de douleur : la gorge comme écrasée, l’obscurité totale qui laissait penser à un problème visuel, des douleurs dans les hanches et aux genoux, les courbatures musculaires … une chute ? une fuite ? Puis une voix se détachant du brouhaha
« la représentante de l’ordre est là, amenez là jusqu’ici qu’on soit fixé »

… l’Ordre… lequel… elle n’avait pas envie de se retrouver enfermée dans une geôle.
Lorsqu’elle ne perçut plus qu’une infirmière près d’elle, l’elfe bondit hors du lit et s’enroula dans le premier vêtement sur lequel elle mit la main … un manteau à capuche, sans doute le sien… parfait. Assomer la naine fut facile. Elle sortit de la chambre et avança en esquivant au mieux les corps, se fiant aux odeurs… pouah… et aux mouvements indélicats des gens. Rapidement, la douleur vint marteler ses tempes et sa respiration devint moins aisée. Elle trouva l’escalier et atteint le hall d’entrée sans trop attirer l’attention : tout le monde ici était très occupé. Elle connaissait bien l’endroit.

La traversée du hall fut plus difficile, plusieurs fois elle buta contre des corps, des murs, se trompant de direction. Pourtant, elle devait sortir, besoin d’air froid, besoin de fuir, de se cacher pour ne plus être une proie facile. Disparaitre avant que l’inconscience qui menaçait ne la rattrape de son étau. Enfin elle sentit un courant d’air plus frais, sans doute l’entrée. Elle fonça sans se poser de question, en était-elle encore capable ?... et percuta en plein élan une espèce d’armoire de muscles reniflant la fleur des champs.

Sergei encaissa un peu surpris et tenta de remettre d’aplomb la silhouette pressée. La tête baissée sous sa capuche, elle était frêle, faible. Sans doute un jeunot qui avait voulu rejoindre les rangs un peu trop tôt…
« Laissez moi vous ramener à l’intérieur, il faut vous faire soigner… »

A l’intérieur, il rêvait ce mec. Il avait de la force, sans doute, mais la plupart des humains sous-estiment toujours leur adversaire : elle en voulait pour preuve le nombre de blessés à affluer dans l’hospice qu’elle fuyait. Bref, soutenue par le bras de l’homme, elle reprit un peu d’énergie et en profita pour lui planter un doigt sur la carotide, le figeant sur place, avant de reprendre sa course libre de toute prison… enfin pour quelques secondes…
Il était tombé sur son derrière. Un peu interpellé et pas content de la mauvaise blague : il sortit une balle de sa poche - sans doute perdue dans la demeure par quelque félin tumultueux - et la lança sous les pieds du fuyard…
Elle sentit trop tard le sol se dérober sous elle et ne put qu’amortir la chute de ses bras, serrant les dents quand sa cage thoracique s’aplatit sur le sol si tendre de la capitale naine. Il s’était relevé et l’avait rejoint, il la souleva comme un fétu de paille pour la sermonner sur la nécessité qu’elle soit soignée, elle répondit aussi sec qu’elle avait besoin d’air plus que de soins, faisant un geste vain pour repousser le pot de colle qui commençait à hausser le ton. Ils se disputèrent sans que personne ne réagisse jusqu’à ce que l’humain reste à nouveau sans argument. Sans demander son reste, elle fila en direction des portes de Forgefer.
« Bon sang, pourquoi tu me fuis Cerès ! »

Il avait hurlé. Cerès… le nom émergea de ses souvenirs encore troubles et englués dans la douleur. Cerès était son nom. Que faisait-elle là… elle n’en savait rien. L’homme continuait à lui parler, gentiment, lui proposant un abri loin de la capitale, et des soins… sa voix lui parut plus familière petit à petit. Elle le laissa approcher et posa ses mains sur le visage barbu, avec des tresses… elle sentit un soulagement l’envahir, il l’avait trouvé avant les autres… elle était sauvée.
« Je te suis… papa. »

*Cérès reprend conscience allongée dans un lit. Un lit fait de bois sculpté à la main. les figures représentent une vieille légende humaine, un vieux compte sur un chasseur faisant ami avec un ours malade. Le matelas est d une douceur très agréable. On y est enfoncé, engoncé même, il épouse les membres du corps, mais juste ce qu il faut pour être a l'aise, mais sans se sentir oppresser. Parfait pour une personne blessée pour éviter un mouvement trop brusque. De ce matelas, une odeur de drap frais se fait sentir. Une odeur de lavande. Les draps sont blancs et immaculés, assez chaud pour éviter le froid qui rentre par la fenêtre ouverte à droite lit. La vue de Cérès par la fenêtre est celle des montagnes non loin, baignées par le soleil et blanchies par la neige. Le vent frais apporte en lui une odeur de terre fraîchement retournée. La pièce est illuminée par cette lumière. En plus du lit, une armoire en face du lit est ouverte, elle aussi est sculptée, mais de façon naine celle ci. De son lit elle peut voir des vêtements, une robe et une armure de cuir. D autres vêtements mais clairement plus masculin et pas a sa taille sont accrochés. A gauche du lit une table de nuit est a disposition. Une carafe faite en verre elfique et un verre sont posés sur le dessus. Un livre écrit en elfique est posé non loin. Contre le mur, un instrument de musique est accroché, une sorte de oud (une guitare quoi )
Mais ce qui trouble le plus la jeune elfe, est l'espèce d'ours humain qui ronque, les pieds posés sur le matelas en équilibre sur une chaise, sur les genoux de l'homme une bassine contenant des patates a moitiées épluchées. il est habillé dans une tenue de paysan.

Combien de temps a-t-elle encore dormi ? Impossible à savoir. Mais son corps semble reposé et l’absence de lumière est la seule chose qui la retient encore de bouger. Quelqu’un dort près d’elle. Le reste n’est que silence et grand air : elle est en sécurité.
Quelque chose au fond d’elle murmure de fuir. Un instinct animal et impératif qui lui est plus familier que tout le reste. L’elfe ferme les yeux et tente de rassembler ses esprits. Elle se souvient vaguement d’avoir voyagé longtemps à travers l’Outreterre pour aller tuer… le mal ? Elle ne sait plus vraiment.
Elle se souvient être tombée sur des êtres dévorés par la haine. Elle se souvient de l’origine des coups, de la douleur infligée par les magies obscures, d’un tigre immense et nimbé de ténèbres qui avait pris sa défense alors ; la silhouette d’Ilshinaar s’était-elle imposée à elle, avait-elle sourit ? En tout cas le félin avait emporté leur ennemi dans la tombe et Cerès avait pu fuir et tenter de soigner ses blessures.
Un instant, l’homme près d’elle soupire, bredouille des choses incohérentes, … puis se remet à ronfler. Elle replonge dans le rêve. Elle avait souhaité mourir pour que la douleur enfin, cesse. Elle se revoit, dans une étendue chaotique de Ras-de-Néant, suspendue au dessus du vide immense. Elle revoit les cristaux lumineux autour d’elle.

« Rentre chez toi petite sœur. »

Le temps ensuite, se précipite. La chaleur du désert de Tanaris, un retour vers les origines… quelles origines… elle avait simplement suivi l’instinct. Du sang sur ses mains, une chute dans un parc en pleine nuit.

Les paupières de Cerès s’ouvrent, elle sursaute.
Le silence autour. Elle doit retrouver ce qui manque. Délicatement, elle se redresse malgré le matelas trop souple et glisse à terre. Elle sait où trouver de quoi se protéger… l’instinct sait. Elle adresse un sourire au Sergei ronflant comme un bienheureux et se faufile au dehors alors que l’aube se lève…